Comme tout bon Lyonnais qui se respecte, j’adore les glaces de Terre adélice et n’hésite pas à affronter les files interminables devant leur boutique du Vieux Lyon, les jours de grand soleil.

Ce que je ne savais pas, c’est que Terre adélice est à la pointe en termes de démarche RSE ; et ce depuis très longtemps.

Floriane VERILHAC, responsable RSE de l’entreprise nous présente les grandes ambitions – et la très forte conviction – de cette petite entreprise artisanale.

Bonjour Floriane !

Pour commencer dites-nous en un peu plus sur vous-même.

Bonjour, je travaille chez Terre adélice depuis 3 ans maintenant et suis en charge de la RSE depuis septembre 2019.

Je suis issue d’une formation ingénieur Qualité avec une dizaine d’années d’expérience derrière moi. J’ai travaillé avant pour de grosses PME (200-300 pers). Plus récemment j’ai éprouvé le besoin d’intégrer une structure plus familiale.

Quel est votre métier ? Que faites-vous au quotidien ?

Je m’occupe de tout ce qui est Qualité, R&D et RSE.

Au quotidien, mon travail se répartit entre les problématiques suivantes :

–       « Qualité » : Manager le système qualité et accompagner les équipes sur les méthodes de travail

–       « R&D » : améliorer les recettes, mettre en valeur de nouveaux produits, ou encore répondre aux demandes de nos clients

–       « RSE » : Piloter la démarche RSE de l’entreprise

Dites-nous-en un peu plus sur Terre adélice !

Terre adélice est artisan glacier (fabrication de glaces et sorbets) depuis 1996. Dès le début, l’entreprise vends en CHR (Cafés / Hotels / Restaurants) en proposant des parfums originaux, écoutant la créativité des chefs. Très vite, il y a eu la volonté de s’orienter vers une production « bio ».

En 2020, notre gamme de produits est passée 100% BIO. Ainsi ce qui ne pourra pas être produit en bio ne fera plus partie de la « carte » : c’est un parti pris fort !

Nous sommes une trentaine de collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 5.7 Millions € en 2019.

Terre adélice a donc une démarche RSE très forte, depuis quelques années. Dites-nous en un peu plus ?

Nous avons défini 5 grandes priorités :

1.    Approvisionnement 100% bio et au maximum local

2.    Gestion des biodéchets

3.    Efficacité énergétique

4.    Energie fatale et de récupération (ainsi, par exemple, la chaleur produite par le fonctionnement des frigos et sorbetières est récupérée pour chauffer l’eau chaude sanitaire et les bureaux)

5-     Management horizontal et formation du personnel

Pour mettre en valeur tout le travail fait autour de ces sujets depuis 3 ans et pour nous aider à progresser, nous nous sommes lancés dans une démarche de labellisation. L’entreprise a ainsi reçu, en juillet 2019, le label « Bio entreprise durable ». (Label RSE pour les entreprises de la BIO porté par le Synabio – syndicat national des entreprises de la BIO, transformateurs et distributeurs spécialisés)

Pour en savoir plus sur la démarche RSE de Terre Adélice et toutes les actions menées : https://www.eclaira.org/initiative/h/terre-adelice-un-glacier-engage-dans-l-approvisionnement-bio-et-local.html?from-notification=20200205

Quel a été l’élément moteur pour qu’une structure artisanale comme Terre adélice se lance dans une démarche RSE aussi ambitieuse ?

Les fondateurs de « Terre adélice » eux-mêmes étaient dans cet état d’esprit. Le respect et l’admiration pour les agriculteurs sont des valeurs liées au parcours des créateurs de Terre adélice et sont inscrites dans son ADN. 

Est-ce qu’un tel ADN facilite une démarche RSE ou rend le challenge encore plus grand ?

Un tel ADN facilite la mise en action, c’est certain. Mais il n’en reste pas moins qu’il faut faire un gros travail pour tout traduire par écrit, et détailler, sur le papier, la démarche et la stratégie qu’on veut voir se dessiner derrière.

Depuis ces derniers mois, notre labellisation nous impose de nouvelles exigences : en particulier sur la méthodologie (ex : analyse environnementale). Mais ces challenges sont intellectuellement très intéressants et nous aident à avancer.

Quels sont vos défis, au quotidien ? 

En interne, le plus gros défi est de réussir à convaincre toutes les parties prenantes (production, administration, commerciaux…).

Pour cela nous devons avoir une bonne communication (être pédagogues, apporter des résultats, …). Dans cet esprit, nous avons créé un « comité RSE », ouvert à tout collaborateur de l’entreprise, où nous échangeons sur les objectifs, le référentiel RSE, les différentes thématiques. N’importe qui peut participer à ce comité, venir ou arrêter quand il le souhaite. Nous avons démarré ce comité à 4 et sommes maintenant 7 participants sur 35 collaborateurs.

Dans le cadre de notre vision RSE, le défi principal est le développement de filières bio locales. Il devient par exemple très compliqué, depuis quelques années, de produire localement des fruits tels que les myrtilles, à cause du dérèglement climatique.

Nous n’avons d’ailleurs pas encore initié de démarche de résilience sur le sujet.

Avez-vous mis en place des actions spécifiques dans les salons glaciers ?

Les salons glaciers de Terre adélice mettent également en œuvre des démarches responsables (produits 100% bio, produits d’entretiens certifiés, énergie renouvelable…). Nous laissons les gérants des salons très autonomes dans leur démarche pour trouver des nouvelles idées adaptées à leur activité.

Nous avons également lancé une démarche d’éco-conception des emballages. Les premières modifications en 2009 ont concerné les bacs de 500 ml et de 120 ml où le carton a remplacé le plastique, un format plus pratique à ranger mais surtout plus léger et recyclable.

Terre adélice travaille maintenant avec ses collègues glaciers sur les gros emballages (2,5L et 5L), présentés dans les vitrines des salons glaciers. Les difficultés pour trouver des solutions sur ces emballages sont liées :

–       au type de présentation dans les vitrines

–       au fait que les emballages doivent résister au froid à l’humidité

Quels sont vos objectifs pour 2020 et les années à venir ?

Nous voulons :

–       Avancer sur notre impact environnemental 

–       Apprendre à connaitre encore mieux nos parties prenantes

–       Continuer à améliorer les conditions de travail

–       Améliorer le recyclage des déchets et réduire la quantité de ces mêmes déchets

Ensuite, nous avons également travaillé ces dernières années sur notre système managérial et sommes devenue en 2017 une entreprise dite « libérée », avec un système de management horizontal.

Cela fonctionne bien. Nous sommes dans une démarche d’amélioration continue. Nous organisons, entre autres, une réunion de 1h/mois (« réunion de gouvernance ») ou nous pouvons tous échanger sur des sujets qui nous tiennent à cœur.

Merci Floriane VERILHAC pour tous ces éclairages et cette immersion au cœur de Terre adélice.

Merci à Audrey FOROT, du CIRIDD, pour son article, publié sur ECLAIRA, mettant en avant la démarche RSE de Terre Adélice. Il a été le déclencheur qui m’a donné envie d’en savoir plus et de contacter Floriane.

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